Analyse de marché, Interview expert
20/09/2024

Interview de François-Xavier Vucekovic, CIO d’Edmond de Rothschild Private Equity, Jean-François Marco, Associé, TIIC et Manuel Cary, Associé, Directeur Général, TIIC.


Dans le contexte actuel marqué par l’exacerbation des incertitudes économiques et politiques, les infrastructures s’imposent comme une classe d’actifs incontournable. Leur capacité à résister aux fluctuations des cycles économiques, conjuguée à la prévisibilité de leurs flux de trésorerie, leur confère un attrait incontestable pour les investisseurs en quête d’une solide protection contre l’inflation. 

À noter que les infrastructures ont enregistré les meilleures performances ajustées au risque au sein des actifs alternatifs entre 2012 et 2022. Chaque unité de risque, exprimée en point de pourcentage de l’écart-type des rendements, a généré en moyenne 2,3 points de pourcentage de rendement.

 

 

Les objectifs de durabilité redéfinissent les infrastructures européennes 

Les investissements dans les infrastructures ont, à ce titre, connu une forte dynamique de croissance au cours des cinq dernières années, évoluant deux fois plus rapidement que l’ensemble des actifs alternatifs sur le continent européen. 

 

 

Face à divers chocs systémiques, tels que la pandémie du Covid-19, le conflit en Ukraine et l’intensification de la rivalité économique entre les États-Unis et la Chine, l’attrait pour les infrastructures s’est renforcé. Ces événements ont mis en évidence la résilience de cette classe d’actifs qui constituent désormais une « valeur refuge » et offrent à bien des égards une protection contre la volatilité et l’incertitude géopolitique. 

À l’heure acutelle, les enjeux macroéconomiques, démographiques et climatiques bouleversent le système des infrastructures en Europe. Ce dernier est contraint d’accélérer sa modernisation pour s’adapter à trois mégatendances, offrant ainsi des opportunités de création de valeur durable pour les investisseurs.

La première mégatendance est la décarbonation : celle-ci nécessite un investissement annuel estimé à près de 1 000 milliards d’euros pour assurer une transformation rapide des réseaux de mobilité, d’énergie et d’infrastructures publiques, et répondre ainsi aux objectifs climatiques ambitieux fixés par l’Union européenne à l’horizon 2050.

L’Europe cherche par ailleurs à établir des chaînes d’approvisionnement plus localisées et des réseaux énergétiques plus autonomes. Cette tendance, accentuée par la pandémie de Covid-19 et l’escalade des tensions géopolitiques, implique l’adaptation et la modification des infrastructures pour répondre à ces nouvelles demandes.

Enfin, la troisième mégatendance qui stimule la demande en infrastructures réside dans la digitalisation croissante et rapide ainsi que le traitement à grande échelle des données, qui exigent la création de nouvelles infrastructures numériques. Par exemple, les « smart cities »1 se servent de la technologie pour optimiser la manière dont les services sont fournis, notamment des systèmes intelligents de vidéo et de circulation ou des informations en temps réel sur la qualité de l’air.

 

Vers une hybridation2 croissante des infrastructures 

Ces évolutions notables ont participé à l’émergence d’infrastructures plus décentralisées, digitalisées et basées sur les services. Cette hybridation redéfinit, selon nous, la nature et l’essence de certains projets d’infrastructures traditionnels, lesquels intègrent désormais des secteurs variés, tels que la mobilité, la technologie et l’énergie verte, et sont davantage pensés pour faire face à des problématiques multidimensionnelles, allant du changement climatique aux nouvelles habitudes des utilisateurs. 

Prenons l’exemple des infrastructures de mobilité, qui évoluent pour intégrer des systèmes de transport intelligents. Ces systèmes sophistiqués exploitent tous types de dispositifs connectés, des capteurs et des caméras pour des installations de recharge d’énergie verte – qui devraient être multipliées par 20 d’ici 20303. Ils intègrent également des plateformes de « mobilité en tant que service ».

Il s’agit ainsi de nous affranchir des modèles d’infrastructures obsolètes et de développer des sytèmes à la fois connectés et durables, qui nous semblent essentiels pour gérer efficacement les évolutions de la demande des consommateurs et pour atteindre les objectifs climatiques. 

Il est toutefois important de noter que ces nouvelles opportunités, plus particulièrement celles liées aux infrastructures connectées, portent en elles de nouvelles complexités, et par extension, de nouveaux risques. Les projets de type « greenfield »4, bien qu’offrant un potentiel de rendement élevé grâce à une appréciation significative du capital, requièrent une expertise opérationnelle pointue et une capacité à mener des transformations concrètes.

L’évolution du paysage des infrastructures nécessite par ailleurs un financement conséquent. Les investissements publics ont néanmoins connu une contraction du fait de l’augmentation des contraintes budgétaires. Dans ce contexte, les capitaux privés sont plus que jamais nécessaires pour combler ce déficit et contribuer à financer la reconversion des infrastructures.

 

Saisir les opportunités du marché mid-cap pour financer la transformation des infrastructures 

Le segment du mid-cap5 est un terrain propice pour financer la transformation et la modernisation des infrastructures. Moins sujet à la rude concurrence des large-caps6, ce marché offre de belles perspectives grâce à des prix d’entrée attractifs, alliant qualité et accessibilité. Il regorge ainsi d’opportunités et se distingue notamment par son flux important de transactions de taille moyenne (moins d’un milliard d’euros). En 2022, elles représentaient 88% du volume total en Europe.

Au cours des cinq dernières années, les multiples d’entrée, particulièrement intéressants sur le marché intermédiaire, ont été d’autant plus avantageux dans les sous-secteurs des transports, de l’énergie et des infrastructures sociales.

Il est également crucial de souligner que les projets de taille moyenne répondent directement aux attentes des consommateurs et constituent le cœur même de la croissance économique et de la transition énergétique. 

Nous privilégions par ailleurs le marché des infrastructures européen qui est à la fois dynamique, vaste et diversifié, et qui, historiquement, a généré de meilleurs rendements ajustés au risque que celui des infrastructures non cotées en Asie-Pacifique ou en Amérique.

 

 

Ainsi, faire du marché intermédiaire européen sa zone de prédilection n’est pas uniquement une question de retour sur investissement, c’est avant tout une vision résolument axée sur l’avenir. Il s’agit selon nous d’investir tôt pour transformer les infrastructures et combler le déficit de financement actuel.  

En outre, ce marché nécessite des connaissances et une expérience locales significatives. Nous pensons qu’une approche axée sur la maîtrise des risques, soutenue par une expertise opérationnelle des investissements, est indispensable. Les équipes de gestion doivent être en mesure d’accompagner le management des entreprises, tant d’un point de vue financier qu’opérationnel. Cela inclut la mise en place de partenariats solidement structurés ainsi que des échanges réguliers avec les dirigeants d’entreprise.

Cette stratégie active, couplée à une approche opérationnelle, permet d’exercer une influence concrète et de tirer parti des nombreuses sources de création de valeur sur ce marché.

En somme, les infrastructures constituent une classe d’actifs clé pour naviguer avec succès dans l’environnement économique actuel. Afin de tirer profit des opportunités et des tendances qui se dessinent actuellement sur ce marché en constante évolution, il est indispensable de disposer d’une stratégie active, fondée sur une compréhension fine des tendances à l’œuvre, des contraintes actuelles, mais aussi des innovations susceptibles de transformer le paysage des infrastructures dans les années à venir, d’autant plus que les investissements réalisés aujourd’hui auront incontestablement un impact sur l’économie et la transition énergétique de l’Europe à moyen et long terme. 

 

 

1 Les smart cities (villes intelligentes) font référence à des villes ayant recours à des politiques urbaines utilisant les technologies de l’information et de communication (TIC) pour accélérer la transition écologique.
2 L’hybridation désigne la convergence de trois tendances structurelles : la décarbonation, la régionalisation et la digitalisation. 
3 «How much investment do we need to reach net zero?», Lenaerts, K., S. Tagliapietra& G.B. Wolff, Bruegel, 2021.
4 Un projet « greenfield » désigne un projet sur une zone précédemment non aménagée et non développée.
5 Le marché mid-cap (middle capitalization) est composé d’entreprises de capitalisation moyenne, comprises entre 2 et 10 milliards d’euros. 
6 Une entreprise est qualifiée de « large cap» si sa capitalisation boursière dépasse les 10 milliards d’euros.

 

 

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Rédaction achevée en septembre 2024.

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