- Les taux souverains européens ont baissé de concert avec l’appréciation de l’Euro et du GBP face au dollar
- La publication des chiffres du PIB aux Etats-Unis, en France et en Allemagne surprennent positivement mais les détails des statistiques américaines témoignent d’un ralentissement de la demande intérieure
- Nous maintenons notre biais prudent sur les actions et la duration avant le FOMC de la Fed mercredi et les publications macroéconomiques sur l’état du marché de l’emploi
La nomination de Rishi Sunak au poste de Premier ministre du Royaume-Uni et l’annonce de la composition du nouveau gouvernement italien (avec un ministre des Finances plutôt pro-européen) ont été saluées par les investisseurs comme un reflux du risque politique en Europe. Sur ces annonces, les taux souverains européens ont baissé de concert avec l’appréciation de l’Euro et du GBP face au dollar en écho à des gouvernements qui semblent avoir intégré que les marges de manœuvres budgétaires sont plus faibles quand les coûts de financement sont plus élevés.
La BCE a relevé ses taux directeurs de 75 points de base jeudi. Christine Lagarde a insisté sur les mesures prises jusque-là et les délais de transmission de la politique monétaire pour expliquer que la BCE aurait une attitude désormais pragmatique, comité par comité, pour déterminer la trajectoire à venir des taux directeurs. Cette approche pragmatique de la politique monétaire a été interprétée par le marché comme accommodante et en décalage avec les chiffres d’inflation publiés le lendemain. L’inflation européenne semble loin d’être stabilisée. Les prix à la consommation dérapent particulièrement en Italie : +3.5% sur le seul mois de septembre en raison d’une facture énergétique en hausse de 25%. Les taux souverains sont fortement remontés suite à ces publications.
La publication des chiffres du PIB aux Etats-Unis (+2.6% au Q3 en rythme annualisé), en France (+0.2% au Q3) et en Allemagne (+0.3% au Q3), surprend positivement. Mais les détails donnés par les statistiques américaines témoignent d’un ralentissement de la demande intérieure : la consommation des ménages décélère tandis que l’investissement privé, en particulier dans le secteur résidentiel, contribue négativement. Ce rebond de la croissance américaine est artificiellement tiré par le commerce extérieur qui contribue pour 3.2%.
Si les données macroéconomiques du trimestre dernier tiennent, les données d’enquêtes d’opinion laissent entrevoir une contraction de l’activité au 4ème trimestre. Les indicateurs d’activité PMI d’octobre se dégradent encore aux Etats-Unis (47.3 contre 49.5 en septembre) et en zone euro (47.1 contre 48.1 en septembre). L’Allemagne connaît la plus nette dégradation, en particulier dans son secteur manufacturier qui est plus exposé aux restrictions énergétiques.
La saison des résultats des entreprises au 3ème trimestre est marquée par des déceptions de la part des grands acteurs américains de l’Internet, dont les titres ont été lourdement sanctionnés suite à leurs publications.
Sans surprise, à l’issue du vingtième Congrès du Parti communiste chinois, Xi Jinping a été reconduit au poste de secrétaire général du parti communiste chinois. La constitution du nouveau politburo témoigne d’un renforcement de la ligne « idéologique » du parti après le départ à la retraite de deux membres considérés comme modérés, Li Keqiang et Wang Yang, et l’exclusion de l’ancien dirigeant, Hu Jintao. Au programme des cinq prochaines années : poursuite de l’objectif de la « prospérité commune », promotion de la « modernisation à la chinoise », et développement de « l’esprit combatif » avec en ligne de mire l’indépendance de Taïwan.
Nous maintenons notre biais prudent, tant sur les actions que sur la duration avant le FOMC de la Fed mercredi et les publications macroéconomiques sur l’état du marché de l’emploi. Nous serons confortables pour remettre du risque quand nous constaterons une décélération de l’inflation qui pourrait intervenir sous l’effet d’un ralentissement de l’activité immobilière et un marché du travail moins tendu. Mais il faudra aussi que la Fed se montre plus pragmatique (en prenant en compte les indicateurs avancés de l’inflation qui commencent à s’infléchir) que dogmatique (en attendant de constater un reflux de l’inflation vers la cible des 2% avant d’infléchir sa politique monétaire restrictive).
Actions Européennes
Les taux réels souverains se sont contractés, permettant aux marchés d’actions de réaliser un net rebond, reléguant au second plan les craintes de révisions baissières des résultats.
La BCE a relevé ses taux directeurs de 75 points de base, ce qui était déjà largement intégré. Les chiffres d’inflation en Allemagne ou en France ressortent néanmoins au-dessus des attentes en fin de semaine.
La saison de publication des résultats bat son plein. STMicroelectronics a souffert après avoir fait part d’une prévision de baisse de la croissance de ses ventes de semi-conducteurs au T4 2022 et d’un recul de ses marges, et ce malgré de bons résultats au troisième trimestre. Les messages ressortent parfois assez contrastés. Ainsi, le brasseur AB InBev rehausse ses anticipations de résultats après d’excellents chiffres trimestriels, portés par la résilience de la consommation. Un message contrebalancé par les propos pessimistes de son concurrent Carlsberg qui s’attend à une dégradation de la situation en 2023, alors que le prix des bières devrait continuer à augmenter. Le titre Heineken est de son côté sanctionné à cause du ralentissement de ses ventes, le groupe relevant des premiers signes de ralentissement de la demande des consommateurs dans certains de ses marchés européens.
Les résultats sont toujours aussi excellents pour les compagnies pétrolières qui ont profité des cours élevés des hydrocarbures, et notamment du gaz. BASF a démontré la résilience de ses résultats face au niveau élevé des prix des matières premières et de l’énergie, et maintient ses prévisions pour l’année 2022. Son de cloche inverse de la part de Covestro qui abaisse une nouvelle fois ses prévisions de résultats, le chimiste étant toujours en proie à la flambée des prix de l’énergie et des matières premières sans parvenir à compenser par des augmentations de prix.
Les bénéfices des banques Barclays, Deutsche Bank ou Santander ont profité de la hausse des taux d’intérêt malgré l’environnement économique difficile.
Enfin, mentionnons Interparfums qui rehausse ses anticipations après de solides résultats au T3. Le spécialiste des parfums haut de gamme continue ainsi dans la lancée des trimestres précédents et confirme la résilience de la demande pour ses produits, dans la continuité de la bonne tenue du secteur du luxe après les bons résultats d’Hermès et LVMH.
Actions Américaines
Les indices américains clôturent une semaine riche en publications et en indicateurs économiques dans le vert : +3.86% pour le S&P, +1.68% pour le Nasdaq. Les valeurs industrielles, financières et les valeurs matières premières du S&P 500 progressent de respectivement 7%, 6.6% et 5.8% au cours de la semaine. Seules les valeurs de communications sont en baisse (-4.8%).
En début de semaine, la parution d’indicateurs économiques plus faibles que prévu ont alimenté les espoirs d’une Fed moins agressive à l’avenir. Pour le quatrième mois consécutif, l’indice PMI composite s’est contracté pour revenir à 47.3 contre 49.5 le mois précédent. La composante services a nettement reculé à 46.6 tandis que le PMI manufacturier est revenu à un plus bas en 28 mois à 49.9.
L'indice de confiance du consommateur du Conference Board a également reculé au mois d’octobre à 102.5, contre 107.8 en septembre. En parallèle, les prix de l’immobilier américain ont enregistré en août (-1.3% sur un mois) leur plus forte baisse depuis 2011.
En revanche, le PIB a affiché une solide croissance de 2.6% du PIB mais qui a peu convaincu. Les chiffres ont été portés par un fort rebond des exportations (+14.4% sur un an) alors que la croissance des dépenses de consommation ralentit à +1.4% .
Plus d’un tiers des sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats au cours de la semaine. Les GAFAs ont largement déçu le marché à l’exception d’Apple.
Alphabet reculait de 7% suite à la publication d’une croissance des revenus publicitaires nettement sous les attentes. Microsoft perdait pour sa part 8% suite à une révision en baisse de ses prévisions de chiffre d’affaires pour le trimestre prochain, notamment dans sa division de cloud computing Azure. Meta a baissé de 24% suite à des prévisions de chiffres d’affaires nettement sous les attentes et une hausse des dépenses significatives au cours des prochains mois. Amazon reculait de 13% en après-marché suite à des prévisions de chiffres d’affaires au quatrième trimestre décevantes. Le groupe indique que la croissance des ventes au moment de la saison de Noël sera la plus faible de son histoire à +2-8% sur un an. Enfin, Apple progresse légèrement. Les ventes d’ordinateurs portables ont compensé des ventes d’iPhone décevantes.
Caterpillar a progressé de 7.7% suite à la publication de très bons résultats. Les marges ressortent bien au-dessus des attentes grâce à des hausses de prix qui compensent largement l’augmentation des coûts de production. La société est confiante sur les perspectives en particulier pour sa division énergie & transport.
Malgré des résultats trimestriels décevants, Intel progressait de 5% en après-marché à la faveur d’annonces sur des réductions importantes de coûts : 3Mds$ l’année prochaine et 10Mds$ en cumulé jusqu’en 2025. Mobileye, la filiale d'Intel spécialisée dans l'assistance et la conduite autonome, a réussi son introduction en Bourse. Le titre s’est apprécié de 35% pour sa première journée de cotation à 28.41$.
Actions Japonaises
Le Nikkei 225 et le TOPIX se sont inscrits en hausse de 1.25% et 0.54% sur la période. Les places boursières japonaises ont enregistré de solides performances tout au long de la période, à l’instar des marchés actions américains. Les deux marchés ont progressé à la faveur de l’éventuel ralentissement de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis, de la publication de résultats meilleurs que prévu par les entreprises et de la résilience des marchés actions chinois.
Le secteur des appareils électroménagers a gagné 2.83%, les valeurs technologiques retrouvant la faveur des investisseurs face aux anticipations de ralentissement de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. Les produits en caoutchouc ont grimpé de 2.36%, grâce à la reprise de la production automobile du fait de l’atténuation des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Le secteur minier s’est apprécié de 2.26%, dopé par le rebond des prix des matières premières. Le transport terrestre et le transport aérien ont reculé de 4.07% et 3.24%, pénalisés par des prises de bénéfices alors que les titres liés au tourisme intérieur s’envolaient. Le secteur de la papeterie s’est replié de 2.98% sur fond de craintes à l’égard de l’augmentation des prix des matières premières et du carburant.
Nitori Holdings Co., Ltd. a nettement progressé (+10.97%) après avoir fait part d’une hausse de ses ventes à périmètre constant en octobre (+11.4% sur un an du 21 septembre au 20 octobre), et ce, pour la première fois en trois mois. Tokyo Electron Limited a gagné 7.87%, les valeurs de croissance à grande capitalisation ayant été rachetées sur fond d’anticipation d’un ralentissement de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. Eisai Co., Ltd. a de nouveau progressé de 7.3% après avoir annoncé que son médicament Lecanemab avait réussi à ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer dans un essai clinique de phase 3. West Japan Railway Company a cédé 4.89% en raison de prises de bénéfices comme évoqué plus haut. Canon Inc. a reculé de 4.83% après avoir revu à la baisse ses prévisions de bénéfice net pour l’exercice. Chugai Pharmaceutical Co., Ltd. s’est replié de 4.25%. La société a enregistré une baisse de 21% en glissement trimestriel (sur une base consolidée) de son bénéfice net au troisième trimestre 2022 (de juillet à septembre).
Sur le marché des changes, le yen japonais s’est nettement apprécié par rapport au dollar américain (passant de 150,15 yens pour un dollar à 146,29 yens selon Bloomberg), en raison des interventions supposées de la Banque du Japon et du recul des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis.
Marchés Emergents
L’indice MSCI EM a reculé de 0.6% au cours de la semaine (cours de jeudi à la clôture). La Chine a cédé 5.1% après la tenue du 20e Congrès national du Parti communiste chinois sur fond de craintes de concentration accrue du pouvoir. Le Brésil a sous-performé les autres régions, avec un repli de 6.6%. À l’inverse, le Mexique et l’Inde ont surperformé, progressant de 4.5% et 1.4% respectivement.
En Chine, le 20e Congrès national du Parti communiste chinois s’est achevé le week-end dernier, avec la confirmation d’un troisième mandat pour le président Xi Jinping. L’ensemble des membres du Comité permanent du bureau politique sont des fidèles de Xi Jinping. Sur le front macroéconomique, le PIB a progressé de 3% sur un an au troisième trimestre, contre une prévision de 3.3%. La production industrielle a augmenté de 6.3% sur un an et a dépassé les attentes (4.8%). En revanche, la croissance des ventes au détail s’est établie en deçà des estimations à +2.5%. L’investissement (+6.4%) est également ressorti inférieur aux attentes (+7.3%). La banque centrale de Chine a ajusté ses règles en matière d’emprunt transfrontalier afin d’accroître les entrées de capitaux et a défini le fixing du yuan à son niveau le plus faible en 14 ans. La Chine prévoit d’augmenter le nombre de vols internationaux à compter du 30 octobre, pour doubler le niveau actuel, qui restera toutefois largement en deçà de celui d’avant la pandémie. Shanghai a ajouté le vaccin par inhalation contre le Covid-19 à la liste des doses de rappel.
Ping An Insurance a rendu compte d’une baisse de 20% de sa valeur nette comptable au troisième trimestre, chiffre largement conforme aux attentes du marché, en raison notamment de la réduction continue des effectifs de son équipe d’agents. La société a nommé un nouveau directeur financier. Le courtier en ligne East Money a fait part d’un repli de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices, et ce, pour la première fois en trois ans, principalement du fait d’une activité moindre dans la distribution de fonds et de titres dans un contexte d’agitation du marché. Tigermed a publié des résultats du troisième trimestre conformes aux attentes, avec une croissance de 35% sur un an de son chiffre d’affaires. Comme prévu, Aier Hospital a enregistré une hausse de 16% sur un an de son chiffre d’affaires, avec une amélioration de ses marges. New Oriental a rendu compte de résultats trimestriels supérieurs aux prévisions, avec la réalisation de progrès sensibles dans ses nouvelles initiatives.
À Taïwan, la production industrielle a contre toute attente reculé de 4.8% en septembre, chiffre largement inférieur aux prévisions de +0.4%, en raison du ralentissement de la demande mondiale. AirTac a fait part de résultats du troisième trimestre 2022 décevants du fait de la baisse de sa marge d’exploitation. La société a revu à la baisse ses prévisions pour l’exercice 2022 compte tenu de la faible visibilité sur la demande.
En Corée du Sud, SK Hynix a rendu compte d’un chiffre d’affaires et d’un résultat d’exploitation en baisse de 20% et 61% respectivement au troisième trimestre 2022, chiffres inférieurs aux attentes du marché. L’entreprise a annoncé une réduction des dépenses d’investissement de plus de 50% pour 2023. En revanche, Samsung ne prévoit pas de diminuer sa production de mémoires électroniques malgré la faiblesse à court terme du secteur. LG Energy Solution a enregistré de solides résultats à la faveur d’un fort pouvoir de fixation des prix et d’une croissance stable de ses volumes.
En Inde, Axis Bank a publié des résultats largement supérieurs aux attentes, grâce à une croissance de 31% sur un an de son revenu net d’intérêt, au niveau élevé de ses commissions et à une forte baisse de ses dépenses d’exploitation. ICICI Bank a de nouveau fait part de solides résultats, avec un résultat opérationnel stratégique au-delà des estimations à la faveur d’une forte croissance de son revenu net d’intérêt (+27% sur un an). Hindustan Unilever a annoncé des résultats conformes aux prévisions au troisième trimestre de l’exercice 2023. Bien que son chiffre d’affaires se soit inscrit au-delà des attentes, son résultat d’exploitation a largement déçu.
Au Brésil, le taux d’inflation de l’IPCA-15 pour le mois d’octobre a été plus élevé que prévu (0.16%, contre 0.09% attendu), s’établissant à nouveau en territoire inflationniste après deux mois de déflation. Le taux de chômage a atteint 8.7% en septembre, conformément aux prévisions. Le volume total des prêts a continué d’augmenter en septembre, progressant de 16.8% sur un an. WEG a rendu compte de solides résultats au troisième trimestre, avec une marge EBITDA supérieure aux attentes grâce à la stabilisation des prix des matières premières et à des mesures de réduction des coûts.
Le géant pétrolier français Total a acheté une participation de 34%, pour un montant de 4,2 milliards BRL, dans Casa dos Ventos, l’un des principaux projets éoliens au Brésil (6,2 GW de capacités installées). À l’approche du second tour des élections présidentielles brésiliennes qui se tiendra dimanche, l’ex-président Lula est en tête dans les sondages (sur une base consolidée).
Au Mexique, l’activité réelle s’est de nouveau accélérée de près de 1%, dépassant ainsi les attentes, stimulée par les services. Banorte a fait part de solides résultats, avec une bonne dynamique opérationnelle, une hausse de sa marge nette d’intérêt et une qualité des actifs stable. La société a revu à la hausse ses prévisions pour l’exercice 2022 ainsi que celles pour 2023. De plus, la direction a annoncé sa décision d’abandonner son projet de rachat de CitiBanamex, afin de se concentrer sur l’activité stratégique et les initiatives numériques de Banorte. FUNO a rendu compte de solides résultats au troisième trimestre 2022, sa bonne performance opérationnelle ayant été contrebalancée par une hausse des charges d’intérêt.
Au Chili, la banque centrale a interrompu son cycle de resserrement de la politique monétaire.
Dettes D’entreprises
Crédit
Les indices taux ont pleinement bénéficié de l’environnement macro-économique avec un cocktail mêlant mauvais indicateurs économiques et assouplissement du discours des banquiers centraux.
Ainsi, entre les journées de lundi et jeudi, l’indice de crédit haut rendement gagne 1.70% alors que l’indice Investment Grade progresse de 1.94%. Ce rebond illustre le dégonflement des primes de risque de -47 points de base sur le Xover et de -12 points de base sur le Main alors que l’emprunt allemand à 10 ans s’assouplit de -38 points de base au cours de la semaine.
Sur le front du crédit haut rendement, nous avons observé une émission du casinotier ibérique Cirsa afin de refinancer une partie des obligations de maturité 2023 actuellement en circulation. Cette nouvelle souche de maturité 2027 aura une taille de €350Mn et un rendement à l’émission de 10.875% .
Côté actualité, Atos a délivré une publication satisfaisante au troisième trimestre 2022 avec un chiffre d’affaires en progression de +5.7% à €2.8Mds, tiré par sa branche Evidian (cybersécurité et activité digitale) mais également grâce à la bonne tenue de son activité Tech Foundations qui est parvenue cette fois-ci à stabiliser sa profitabilité. Cette division a par ailleurs attiré la convoitise de potentiels investisseurs avec des marques d’intérêts provenant des fonds Apollo et Cerberus. Enfin, il conviendra de mettre en exergue la publication du groupe Air France KLM qui délivre un bénéfice net de €460Mn sur le troisième trimestre, un chiffre au-delà de sa rentabilité pré-Covid. La firme a bénéficié d’une forte demande des voyageurs durant l’été mais également de tous les efforts réalisés au cours de ces deux dernières années pour limiter les coûts avec une réduction de sa flotte mais également de sa masse salariale.
Enfin, le feuilleton Orpea continue d’alimenter l’actualité avec l’ouverture d’une seconde procédure de conciliation avec les créanciers afin de restructurer la dette de l’opérateur d’Ehpad. L’entreprise se retrouve actuellement asphyxiée par son niveau d’endettement contracté lors des précédentes années afin de mener à bien son expansion à l’international mais également suite à la succession d’accusations qui ont fait chavirer son cours de Bourse (-90% depuis le début de l’année) suite à la publication du brûlot « Les Fossoyeurs ». La conversion de la dette non sécurisée en capital permettrait à l’entreprise de pouvoir à nouveau se financer en dette mais également en capital auprès des investisseurs.
Une fois n’est pas coutume pour ce millésime 2022, octobre s’achève sur une bonne note pour les obligations financières. Portées par une vague de résultats toujours solides pour la grande majorité des émetteurs, un écrasement des taux – le 10 ans Allemand perdant 40 points de base au cours de la semaine - les performances sont largement positives ; avec environ 2% de gains sur les financières.
A souligner notamment Lloyds : 13% d’augmentation du chiffre d’affaires largement soutenue par la marge de taux d’intérêt, et une solide génération de capital de +0.2% au cours du trimestre amenant le ratio CET 1 à 15%. Dans la même veine de résultats fortement positifs, à noter les publications de Sabadell (+20% de revenu du à la marge de taux), Danske, Deutsche bank (CET1 +0.3% à 13.3%), UniCredit (CET1 >14.5%).
Les résultats de Barclays et Santander, sans surprendre positivement les marchés, restent également solides et en ligne avec les attentes.
Malgré une perte de 4 milliards de francs suisses, Credit Suisse a finalement réussi à ne pas trop décevoir en publiant une restructuration en demi-teinte alliant augmentation de capital de près de 4 milliards de francs suisses, réduction des coûts, diminution drastique des effectifs, ventes d’actifs, qui permet d’entrevoir tout du moins pour les porteurs obligataires une sortie de zone trouble. Les bonds coco USD de CS ont d’ailleurs repris près de 10 points au cours des 10 derniers jours, soulignant une fois de plus la dichotomie entre le porteur obligataire et l’actionnaire. Tout au long de sa restructuration, le CET1 de la banque helvétique devrait rester proche de de son objectif de 13%-13.5%.
Dans ce contexte, les primes de crédit sont fortement revenues avec notamment un resserrement de l’ordre de 100 points de base sur les Coco Euro qui avaient fini la semaine dernière à 1180 points de base et s’échangent vendredi autour de 1075 points de base. Même son de cloche sur les Coco USD à 830 points de base de primes contre 950 la semaine précédente. Les dettes seniors également ont profité de cette nette amélioration du marché. A ce jour, les rendements actuariels sur la dette euro senior financière sont de l’ordre de 4.2% et de 13% au call pour les Coco Euro.
Convertibles
En dépit de la piètre performance des grandes sociétés de technologie américaines, les indices sont restés orientés à la hausse avec un gain de +138 points de base pour l’indice d’obligations convertibles global. Le marché primaire ne fut pas en reste et a bénéficié de l’engouement des investisseurs puisque deux nouvelles obligations ont été placées outre-Atlantique. La première provient de la société de logiciels de santé Nextgen Healthcare Inc pour $200Mn à 3.75%. Cet émetteur, nouveau venu dans le gisement, souhaite réallouer le produit de cette nouvelle émission dans des opportunités de croissance externe.
Nous avons également vu la firme israélienne Selina Hospitality placer $147.5Mn à 6% au travers d’une souche de maturité 2026. Cette firme avait réalisé son introduction en Bourse plut tôt cette année au travers d’un SPAC. Le produit de cette émission permettra de continuer d’étoffer son portefeuille de biens immobiliers.
Sur le front des publications, Merck a vu sa profitabilité s’envoler grâce à son traitement contre le cancer Keytruda mais également son vaccin Gardasil contre le papillomavirus. Le groupe a en effet vu son chiffre d’affaires gagner 14% au troisième trimestre à $15mds alors que son bénéfice trimestriel s’est élevé à $4.7Mds.
Le constructeur américain Ford a pour sa part manqué le consensus ce trimestre, en terme de profitabilité. Si le chiffre d’affaires s’inscrit en progression à $37.2Mds, le bénéfice ajusté recule de 40% ce trimestre. Le désengagement de la co-entreprise de véhicules autonomes avec Volkswagen nommée Argo AI a notamment coûté $2.7Mds à Ford.
Côté actualité, notons qu’Elon Musk a enfin pris le contrôle de Twitter après des mois d’hésitation. En effet, le fondateur de Paypal et de Tesla a attendu l’avant dernier jour fixé par les juges pour s’acquitter du montant initialement convenu de $44Mds afin de mettre la main sur le réseau social. Son arrivée a été marquée par l’éviction de 3 membres de l’équipe de direction dont le directeur général Parag Agrawal.
Achevé de rédiger le 28 octobre 2022
Glossaire
- Les titres « Investment Grade » désignent des titres obligataires émis par des entreprises dont le risque de défaut de paiement varie de très faible (remboursement presque certain) à modéré. Ils correspondent à une échelle de notation allant de AAA à BBB- (notation Standard&Poor’s).
- Les titres « High Yield » sont des obligations d’entreprises présentant un risque de défaut supérieur aux obligations Investment Grade (ou catégorie investissement) et offrant en contrepartie un coupon plus élevé.
- La dette senior bénéficie de garanties spécifiques. Son remboursement se fait prioritairement par rapport aux autres dettes, dites dettes subordonnées.
- La dette est dite subordonnée lorsque son remboursement dépend du remboursement initial des autres créanciers.
- Tier 2 / Tier 3 : segment de la dette subordonnée.
- La duration correspond à la durée de vie moyenne d’une obligation actualisée de tous les flux (intérêt et capital).
- Le spread désigne l’écart entre le taux de rentabilité actuariel d’une obligation et celui d’un emprunt sans risque de même maturité.
- Les valeurs dites «Value » sont considérées comme sous-évaluées.
- Markit publie l'indice Main iTraxx (125 principales valeurs européennes), le HiVol (30 valeurs à haute volatilité), et le Xover (CrossOver, 40 valeurs liquides et spéculatives), ainsi que des indices pour l'Asie et le Pacifique.
- EBITDA est l'acronyme de Earnings before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization (en français : résultat d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement).
- Il mesure donc la création de richesse avant toute charge calculée. Il trouve son équivalent français en l'EBE (Excédent brut d'exploitation).
- Le terme “Quantitative Easing” désigne un type de politique monétaire dit non conventionnel auquel peuvent avoir recours les banques centrales dans des circonstances économiques exceptionnelles.
- Un « stress test » est une techniques destinée à évaluer la résistance d'institutions financières.
- L'indice PMI, pour “Purchasing Manager's Index” (indice des directeurs des achats), est un indicateur permettant de connaître l'état économique d'un secteur.
- Coco (contingent convertible bonds) : format de dette subordonnée.
- Mortgage : une hypothèque est un instrument financier de garantie d'une dette.
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