Michaël Nizard, Directeur du département Multi-Asset & Overlay, et Delphine Arnaud, Gérante Multi-Asset & Overlay, ont dressé, avec l’équipe, trois scénarios d’issue à ce conflit. Tous ont pour conséquence des pressions inflationnistes accrues, mais avec des risques de décélération de la croissance plus ou moins élevés en fonction de la durée du conflit.
1er scénario : un cessez-le-feu et un retrait des troupes Russes
Dans ce premier scénario, la Russie retire ses troupes de la majeure partie de l’Ukraine pour concentrer ses forces sur la Crimée et le Donbass, sans pour autant parvenir à conserver l’entièreté de l’accès à la mer d’Azov. La signature rapide d’un cessez-le-feu permettrait à Vladimir Poutine de s’afficher victorieux à l’occasion des festivités du 9 mai prochain, bien que la situation restera conflictuelle dans le sud et l’est de l’Ukraine. La démobilisation des forces armées ukrainiennes permettrait une reprise des travaux agricoles, et de réduire le risque de manque de blé dans les pays émergents. Les prix énergétiques reflueraient vers des niveaux proches de ceux d’avant invasion, réduisant d’autant les pressions inflationnistes. Un relâchement des sanctions permettrait d’envisager une fluidification des circuits de production. Un recul de l’aversion au risque sur les marchés et du choc de confiance des ménages permettrait d’envisager une croissance économique en 2022 proche de celle anticipée en début d’année.
2ème scénario : l’enlisement du conflit
Chaque camp repoussant la signature du cessez-le-feu dans l’optique de gagner un avantage militaire à la poursuite des combats, un enlisement du conflit au-delà de l’été pourrait être à craindre. Bien que les investisseurs comme les médias se détournent peu à peu de la guerre en Ukraine, considérant que le pire est déjà dans les cours, l’actualité se verrait régulièrement remise sur le devant de la scène à l’aune d’évènements pouvant faire craindre un basculement du conflit vers un scénario plus noir. Les prix des matières premières seraient maintenus à des niveaux élevés par des pénuries. Si une escalade des sanctions ne fait pas partie de ce scénario, des rationnements sont néanmoins à craindre, faisant peser un risque de décélération de l’activité en Europe. Les travaux agricoles ne pouvant pas être menés, un risque de pénurie alimentaire et de soulèvement dans les pays émergents est à craindre.
3ème scénario : l’escalade du conflit
Si l’Ukraine rejetait par référendum les termes d’un cessez-le-feu, si les sanctions ne suffisaient pas à faire plier la Russie, si la Chine venait à soutenir diplomatiquement ou logistiquement la Russie, nous pourrions craindre un débordement du conflit, jusqu’alors localisé, et assister à une polarisation internationale du conflit à l’image de la guerre froide. Dans ce scénario, nos craintes sont une rupture de l’approvisionnement européen en gaz via les gazoducs ukrainiens, une intervention militaire de l’Otan et une escalade de sanctions entre les États-Unis et la Chine. La croissance mondiale plierait alors et les actifs risqués connaîtraient un repli de l’ordre de 15% à 30%. On peut se demander si les marchés financiers ont réellement intégré le nouveau statut de l’économie européenne, celui d’une économie de guerre.