Le symposium actuel des banquiers centraux à Jackson Hole s’avère un exercice délicat pour les banquiers centraux.
L’absence surprenante de Christine Lagarde au profit d’Isabel Schnabel et la volonté du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, de ne pas faire de communiqué, illustrent ce malaise. Avec une inflation à 2 chiffres qui se généralise, un marché de l’emploi robuste, des conditions financières qui s’améliorent à rebours du resserrement monétaire, des chiffres économiques qui baissent lentement mais des indicateurs avancés (soft data) en chute libre, les banquiers centraux devraient réaffirmer leur volonté de casser l’inflation et opter pour des taux élevés plus longtemps.
Lors de son précédent FOMC, la Fed a clairement expliqué qu’elle s’ajusterait avec du retard aux données économiques, au détriment de la « forward guidance » inadaptée dans cet environnement. En effet, elle souhaite ancrer les anticipations d’inflation tout en reconnaissant l’effet retard de la politique monétaire et les premiers signes encourageants sur l’inflation américaine.
En Europe, la BCE a déjà fait part de ses doutes sur la pertinence de ses modèles de prévision, et du risque de désencrage inflationniste. Elle va probablement renforcer ce discours.
On devrait donc avoir un message de fermeté et d’humilité face à une inflation qui surprend. Ces derniers jours, le marché s’est positionné en ce sens et l’on ne devrait pas forcément avoir beaucoup plus d’éclairage de la Fed, mais peut-être de la BCE.
Article rédigé par Laurent Benaroche, gérant Multi Asset & Overlay chez Edmond de Rothschild Asset Management.